Qui n’a
jamais, une fois dans sa vie, connue ce sentiment : L’envie d’aller voir
ailleurs, de changer de vie, de fuir les contraintes jugées trop lourdes.
L’idée que
partir, aller ailleurs serait plus facile que de faire face au quotidien et à
ses responsabilités – sentimentales, professionnelles, sociales -.
« L’herbe
semble toujours plus verte dans le près du voisin » dit le dicton
populaire.
Certaines
personnes le font, parfois avec succès. Mais aussi certaines entreprises :
Aller voir ailleurs (un autre marché, d’autres clients, d’autres produits)
parce qu’à un moment le sentiment grandi que ce serait plus simple. Tentations
suivies de tentatives trop généralement couronnées par l’échec. Petit florilège
non exhaustif :
Un grand
magasin voyant son chiffre d’affaire en berne décide de se diversifier son activité.
Ce sera l’ameublement. Des mois de développement, des centaines de milliers
d’euros investis pour renoncer après quelques mois d’exploitation. Les clients
qui venaient dans ce grand magasin ne cherchaient pas des meubles … et le
secteur était hyper concurrentiel. L’herbe n’était vraiment pas plus verte.
Un
spécialiste reconnu des produits de puériculture cherche des relais de
croissance face à un marché morose et se lance dans la fabrication de
préservatif. Marché en forte croissante et une matière première que l’on sait
très bien transformer. On monopolise toutes les ressources de l’entreprise …
Bilan : un raté dans les grandes largeurs … parler de préservatif à de
jeunes mamans. Et pendant que l’on s’amusait à mettre en place ce nouveau
produit, le métier historique, lui, n’était plus regardé !
Une chaine
de magasin de vêtement premier prix décide de monter en gamme pour vendre des
vêtements plus luxueux et accroitre ses marges. De nouveau, de lourd
investissement sont consentis : On implante des magasins en centre-ville,
on refait les boutiques « cosy ». Mais les codes du luxe sont
difficilement compatibles avec une image « low-cost ». Un plan de
licenciement douloureux vient clore cette tentative.
Une
importante agence immobilière pense préserver son chiffre d’affaire en sortant
de sa zone de chalandise et en travaillant sur des villes de plus en plus
lointaines. Mais en s’éloignant, elle perd son expertise (prix du marché local,
infrastructure scolaire, réseau de transport en commun) A vouloir trop faire,
elle ne sait plus rien faire. Grosse déconvenue.
Et si, quand
les temps sont durs, plutôt que de regarder vers Venise, nous nous concentrions
sur le cœur de notre métier. La solution n’est-elle pas d’offrir à nos clients
des produits et des services toujours plus fiables et performants ?
« L’homme
de bien est comme l’archer : Quand la flèche n’atteint pas la cible, il
cherche la raison en lui-même » (Confucius) … et il ne cherche pas des
raisons extérieures et, encore moins, des solutions en dehors de son métier.
« Et si je me mettais plutôt à l’arbalète ? Ou mieux, au
javelot ! ».
Imaginons un
pianiste, buttant sur une partition de Chopin, dirait : « Je n’arrive
pas à jouer correctement ce morceau. Je vais me mettre au
clavecin ! »
Son
professeur lui répondrait du tac au tac : « Mon garçon, plutôt que de
dire des bêtises, si nous retravaillons ta technique, tes placements de mains,
etc. ».
Ah qu’il est
dur d’abandonner Venise parfois !
Dans mon
expérience de consultant, je vois trop souvent des entreprises qui, face aux
difficultés de leurs managers et/ou vendeurs, cherchent des formations innovantes,
différenciantes, exotiques … Une folle envie d’aller voir ailleurs si l’herbe
est plus verte.
Nouveau
petit florilège de choses observer dans des entreprises :
·
Savoir improviser en toutes circonstances.
·
Le management vaudou (Ne riez pas, cette formation
existe vraiment. C’est un peu cher mais bon …)
·
Profil Success Insights (Dite PSI, les acronymes
rajoutent toujours une once de crédibilité)
·
Le Sérious Game (Les anglicismes font toujours plus
sérious … c’est plus vendeur que le jeu sérieux)
·
Manager par l’astrologie
·
Mieux s’alimenter et dormir pour mieux vendre…En 5
jours de formation, quand même !
·
Etc.
Parfois des
propositions beaucoup plus sérieuses telles que la PNL, l’AT ou la Process Com.
Sérieuses mais trop souvent bien éloignées du cœur de métier : Savoir et
maitriser parfaitement les phases d’un entretien de vente pour un commercial et
les méthodes de management collectif et individuel pour un encadrant…avant d’apprendre
à se synchroniser sur son interlocuteur ou à l’analyser selon quelques critères
pour adapter son vocabulaire à sa morphopsychologie…Peut-être –sûrement même-,
hyper intelligent ! Mais ces choix de formations un peu trop décalées par rapport au métier de
base des collaborateurs, reviennent un peu à offrir un stage de sophrologie à
un footballeur de division régional pour le rendre plus habile devant le but…alors
que l’échauffement avant l’entrainement est zappé et la maîtrise du placement
sur le terrain n’est pas acquise… La sophrologie dans ce contexte ne servira à
rien. Ce footballer, ce voyant proposer cette formation, en conclura que l’échauffement
et le placement ne servent finalement à rien…Et lorsqu’il fera le constat amer
que suite à son stage de sophrologie, rien n’a changé dans son efficacité
devant le but, il sera encore plus désemparé qu’avant le stage : « Si
ma performance ne dépend ni de l’échauffement, ni de la maîtrise des 10 techniques
les plus importantes de mon sport…d’où me viendra le secours ? Je tente un
autre stage : « Marquer des buts en se détendant grâce à a cueillette
des champignons, dans les sous-bois, en octobre, entre 15h12 et 18h19, par
temps humide mais pas trop quand même pour pas prendre froid »
Lorsque la
conjoncture n’est pas hyper sympa , ne soyons pas pris par la tentation de
Venise pour les formations de nos managers et de nos vendeurs. Concentrons-nous
sur le cœur de leur métier. Retravaillons les basiques et les fondamentaux.
Asseyons solidement les acquis et faisons progresser nos collaborateurs.
Creusons
notre sillon, c’est là que germeront les graines du succès.
Ne cédons
pas à la tentation d’aller voir ailleurs. L’herbe n’y ai que très rarement plus
verte et les déconvenues légions.
Vous pourrez
toujours aller visiter Venise pendant vos prochaines vacances.
Il parait
que c’est vraiment très beau.
Et vous,
qu’en pensez-vous ?
Bonnes
réflexions.
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