jeudi 19 janvier 2017

Soyons Ahmed Helal



Il fait beau ce jeudi 16 mai 2016 sur l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle. Les passagers embarquent dans l’Airbus A320, détendus. Pour beaucoup, c’est un vol habituel. Dans quelques heures ils arriveront au Caire, leur destination finale.
L'avion décolle et suit son plan de vol. Le personnel est souriant et les passagers en profitent pour travailler ou se reposer. Le temps est clair et l'on peut voir un magnifique coucher de soleil à l'horizon. Parmi les passagers, Ahmed Helal, directeur de l'usine Procter & Gamble d'Amiens, se réjouit à l'idée de retrouver sa famille. Ahmed connait bien ce vol qu’il emprunte régulièrement.

Minuit vingt, l’horreur surgit : l'avion disparait des écrans radars et se crashe en pleine mer. Soixante-six passagers étaient présents à bord et malheureusement, personne n'a survécu.

Vendredi 17 mai 2016, les caméras de télévision sont présentes devant l'entrée de l'usine Procter & Gamble d’Amiens. Les journalistes sont venus recueillir les témoignages des salariés. Procter & Gamble, multinationale américaine, n'est pas spécialement reconnue pour sa philanthropie. A priori, on classerait plutôt cette entreprise dans la catégorie des rouleaux compresseurs cherchant à faire les bénéfices les plus importants. Le type d'entreprise que l'on voit régulièrement à la une des journaux à l’occasion d’une délocalisation, d'un rachat agressif d'un concurrent, ou d'un plan social mal vécu.
Pourtant, aujourd’hui, les réactions recueillies par les journalistes sont bien différentes. Les larmes des salariés se mêlent aux éloges de leur ancien patron. Ils pleurent la disparition d’Ahmed Helal, leur ancien directeur. Le plus surprenant, c'est ce qu’ils retiennent de lui : « Dès qu’il nous rencontrait, Monsieur Helal nous disait bonjour. Et pas un simple bonjour, non, mais un vrai bonjour ! »
Ahmed Helal était aimé et apprécié du millier de salariés, d'abord et avant tout parce qu'il prenait le temps de saluer chacun avec un vrai bonjour.
Il avait simplement compris que pour travailler avec des hommes et des femmes, la première chose, indispensable et primordiale, était de leur montrer un respect inconditionnel.











Voilà ce que pourraient dire nos collaborateurs : « Avant de vouloir travailler avec moi sur ce que je fais, respecte-moi inconditionnellement en me reconnaissant comme personne avant de me reconnaître comme collaborateur. Tes compliments sur mon travail n’auront de la valeur qu’à cette condition ».

C’est évident ! Mais combien de fois, pris par le stress ou l'urgence, passons-nous à côté d'un collaborateur sans lui dire un vrai bonjour ! Pas juste un bonjour de loin ou un petit signe, mais un vrai bonjour, main tendue, les yeux dans les yeux, accompagné de quelques mots : « Bonjour, comment ça va ce matin ? La rentrée scolaire de ta fille s’est bien passée ? »
Enfonçons le clou : respecter inconditionnellement chacune des personnes avec laquelle nous travaillons, en plus d'être une évidence, est indispensable pour pouvoir ensuite travailler sur ce qu'elle fait.
Lors de nos audits, le tiercé gagnant de la démotivation des collaborateurs se compose de l’absence de politesse et notamment du « bonjour » quotidien, d’un manque d’écoute et de justes retours sur le travail accompli.

Nous voulions rendre hommage dans ce billet à Ahmed Helal, directeur d'usine aimé et apprécié et également personne soucieuse et respectueuse de l'autre.

En ce début d'année 2017, prenons ensemble la bonne résolution d'être nous aussi des Ahmed Helal.

Et vous, qu'en pensez-vous ?
Bonnes réflexions.




Rémi ARAUD

jeudi 22 décembre 2016

C'est quand Noël ?

19 octobre !
« Ils » ont osé ! De plus en plus tôt.
 
   Pour Sylvie et Marc, la rentrée des classes est à peine digérée financièrement : « Vous avez dit école gratuite ? Non ! C’est une blague ! »
   Pour leurs enfants, Alexandre et Victoire, c’est émotionnellement que ça coince encore un peu : jérémiades revendicatives pour le collégien « J’ai l’seum, j’suis grave vénère, j’kiffe pas l’bahut »
[NDLR  « Je suis dépité, presque courroucé, j’ai une relative aversion pour les établissements scolaires »]
   Pour Victoire, en maternelle moyenne section, plainte lancinante et répétitive qui déchire d’abord les cœurs mais aussi très vite les tympans : « Pourquoi Joséphine n’est pas dans ma classe, bouh, pourquoi Joséphine n’est pas dans ma classe bouh, pourquoi… ?».
   Sylvie et Marc espéraient reprendre leur souffle. L’organisation était enfin calée : judo, danse, accompagnement - Qui ? Où ? Quand ? -, étude du soir…-, et la routine offrait un semblant de calme, si nécessaire à l’équilibre familial.

lundi 28 novembre 2016

"Non, non, ne t'inquiète pas, ça devrait aller !"





   Habituellement, Margaux prépare sa valise le dimanche soir avec beaucoup moins d’entrain. Plusieurs fois dans l’année, son poste de directrice informatique l’oblige à passer une semaine dans les filiales du groupe. Pour être d’attaque le lundi matin à 9H00, un départ la veille s’impose. Curieusement, ce dimanche, Margaux prépare sa valise avec légèreté et légèrement… D’habitude, lors de ses départs, sa petite amie, Estelle, doit secouer Margaux pour qu’elle se prépare …Et systématiquement, elles partent en retard en direction de la gare, Estelle se contentant d’un rapide baiser, avant que Margaux ne descende de la voiture arrêtée en double file, récupère sa valise et coure comme une kényane pour ne pas manquer son train. Mais ce dimanche, Margaux est très en avance. Ce départ, ce n’est ni pour la gare, ni pour le travail mais pour l’aéroport et Ibiza. Cette semaine en Espagne n’a pas pour objectif de fiabiliser le système informatique d’une nouvelle filiale, mais de fêter une année exceptionnelle pour cette start-up, créée il y a huit ans. Pour fêter l’explosion du chiffre d’affaires, la direction a su se montrer généreuse : une semaine à Ibiza pour les 55 collaborateurs ! « Open bar every day and night during all the trip ! » précisait le mail d’invitation.

jeudi 27 octobre 2016

Comment voulez-vous que je sache tout ça ?

Je ne peux plus y échapper. Je me suis engagé, à le faire « dans la semaine au plus tard, promis ma puce ». Ce samedi matin, c’était activité « grand ménage » à la maison. Sophie passait l’aspirateur, nos enfants …je ne me souviens plus mais sans aucun doute possible étaient-ils surinvestis sur une tâche essentielle. De mon côté, j’étais perché, pas très fier, en équilibre précaire sur le plateau de mon escabeau en bois, tentant de nettoyer les impostes vitrées des portes à plus de 4 mètres de haut.  
 
Pan ! 

mardi 18 octobre 2016

Les patrons ont-ils les pieds plus solides que les employés ?

Martin est préparateur de commandes depuis 17 ans chez Proctectphone, entreprise spécialisée dans la conception, la fabrication et la vente de housses de protection pour les portables… Du Nokia 3210 au dernier smartphone, l’entreprise se vante de pouvoir tout fournir. Le stockage des 8000 références est assuré dans un entrepôt de 5000 m². Depuis quelques années, le chiffre d’affaires est garanti essentiellement par Carchan, le numéro un de la grande distribution en Europe. Plus de 330 magasins à livrer deux fois par semaine. Pour la télévente, le jeudi est la grosse journée ! Les 330 Carchan commandent leurs housses pour une livraison impérative le samedi avant 6h00, pour que les produits soient disponibles en rayon dès l’ouverture des magasins. C’est essentiel, le samedi représentant en moyenne 40% du CA de la semaine. Le vendredi matin, chez Protectphone, c’est le rush pour la logistique et particulièrement pour le service préparation de commandes. Tout doit être prêt à 15h00 lorsque les transporteurs viendront récupérer les palettes à livrer partout en Europe. Frédéric est le responsable de l’entrepôt. Le vendredi, la journée de travail commence deux heures plus tôt que le reste de la semaine. A quatre heures, les douze préparateurs de commandes sont déjà au boulot. Frédéric ne dort jamais bien dans la nuit du jeudi au vendredi craignant l’absence d’un préparateur. Même avec un surinvestissement des onze présents, les commandes ne seraient pas toutes honorées. Le contrat qu’ils ont signé avec Carchan est contraignant : chaque rupture, quelle qu’en soit la cause, occasionnera non seulement une perte de chiffre d’affaires pour Protectphone mais aussi des pénalités importantes en euros sonnants et trébuchants. Et trébucher, il n’en est pas question !   
    Aussi, un préparateur absent, c’est la quasi-certitude d’une pénalité évaluée à 5000 euros. Ça fait mal ! Deuxième raison du sommeil peu réparateur pour Frédéric : l’attitude de Martin. Depuis un mois, Martin, le plus ancien, le plus rapide et le plus expert des préparateurs de commande, a décidé que le port des chaussures de sécurité, pour lui, c’était comme le bonheur au Club Med : « Si je veux !».  
     Et il ne le veut pas beaucoup !