vendredi 1 avril 2016

Vers l'obligation d'achat ?

Le site d’information Médiapart a publié récemment un entrefilet qui à ce jour n’a pas eu l’écho attendu mais qui risque de faire beaucoup réagir s’il est confirmé.

En février, un important groupe de lobbying représentant des poids lourds de l’industrie et du commerce a organisé une action auprès des eurodéputés. Cette campagne menée par des experts en communication semblerait avoir réussi et il en résulterait un projet de loi en préparation à Bruxelles.
Rien de très étonnant : c’est le pain quotidien de nos représentants européens d’écouter les groupes d’intérêts, de faire la synthèse de leurs propositions et de les retranscrire dans des projets de lois destinées à faire évoluer les règles en vigueur dans les 28 pays de l’Union.
Beaucoup plus étonnants seraient le sujet et l’intention de cette loi en préparation. Pour mieux comprendre, il convient de revenir à la genèse de cette histoire.

Souvenons-nous de la crise des subprimes intervenue en 2008 et de ses conséquences sur l’économie mondiale : faillites d’importants établissements bancaires, insolvabilité de nombreux épargnants, chômage de masse et ralentissement de l’économie mondiale.
Depuis cette date, on constate que l’économie mondiale est en berne et que le chômage de masse s’installe durablement.
Jusqu’à ce jour, personne n’a trouvé la martingale pour enrayer cette crise. Jusqu’à ce jour, car c’est bien le point de départ de cette démarche de lobbying que  nous  dont nous rendons compte ici.

L’idée de départ pour redynamiser l’économie s’inspire des théories de John Maynard Keynes, « inventeur » du concept de la relance économique par la consommation : pour relancer l’économie d’un pays ou d’une région, il faut favoriser la consommation.
Ici, un pas de géant est franchi en passant de « favoriser » à « inciter » voire « contraindre ».
S’appuyant sur l'article L.122-1 du Code de la consommation qui stipule qu'« il est interdit de refuser à un consommateur la vente d'un produit ou la prestation d'un service, sauf motif légitime », le groupe de pression avance l’idée que si une loi interdit le refus de vente, une loi européenne devrait également interdire le refus d’achat.

Incroyable ! De la même façon qu’un « vendeur » professionnel ne peut pas refuser de vendre à un consommateur, un consommateur ne pourrait pas refuser d’acheter à un vendeur.