« J’ai dit que tu vas
apprendre à dire bonjour…La chose la plus importante dans la vie. Si tu dis
bien bonjour, t’as fait la moitié du chemin »
Vous avez reconnu ?
Bravo, vous êtes d’incollables cinéphiles. Cette réplique, c’est celle de Sam
Lion –Paul Belmondo – dans Itinéraire
d’un enfant gâté de Claude Lelouch (1988). (A partir de la seconde 41 de
l’extrait : https://www.youtube.com/watch?v=TVZFgzdEySI
). Ce programme personnalisé de formation
« Comment bien dire bonjour ! », Sam Lion va le faire suivre,
presque subir, à son jeune poulain, Albert –Richard Anconina-. Albert va devoir
s’intégrer dans une entreprise et créer un climat de confiance pour récolter de
nombreuses informations. Informations dont il a besoin pour réussir sa mission.
Il va lui falloir tellement plus de savoir-faire que la simple maîtrise du
« Bonjour ».
Il devra maîtriser l’art de poser les bonnes questions, d’écouter,
de se taire, de creuser, de relancer, de tempérer, de bluffer, de lâcher du
lest, de s’adapter à son interlocuteur, de faire le forcing… Le simple
« Bonjour », c’est une évidence ne suffira pas.
De la même manière, aucun
manager ou vendeur ne réussira son année 2016 grâce à la maîtrise d’une figure
managériale ou commerciale aussi
simple que l’accueil quotidien
des collaborateurs ou la prise de contact avec les prospects/clients ».
Mais nombreux sont ceux qui prenant de la distance avec le
« Bonjour », risque de le payer cash en démobilisation,
revendication, turn over, demande de baisse de prix…
Quel rapport entre
« l’accueil du matin », « la prise de contact commercial »
et….des revendications de moyens luxueuses d’un collaborateur – moyens de
temps, d’accompagnement ou de matériel – ou des objections plus nombreuses d’un
prospect/client ?
Le même qu’entre le claquage du
muscle de la cuisse d’un tennisman après une heure de match et l’absence
d’entrainement la semaine le précédent et d’échauffement avant l’affrontement.
Les omissions, les maladresses et les « à peu près » se paient
rarement immédiatement… Car un « à peu près » une fois ne provoque
rien de gravement négatif. En effet, un échauffement zappé le mardi, sera
toléré par les fibres musculaires si cet entrainement manqué est isolé au
milieu de 50 entrainements effectués. Un accueil du matin un peu rapide –je
serre la main sans regarder ma collaboratrice
et lorsqu’elle me répond à « bien passée ta soirée hier ? »,
je suis déjà quatre mètres plus loin - ne la démobilisera pas si
majoritairement mes prises de contacts quotidiennes avec elle sont faites et
bien faites. Une absence de regard souriant pour « dire » à une
personne qui vient de rentrer dans mon
magasin « Bonjour Madame, je vous ai vu et je suis heureux de votre
venue, je termine de servir ce client avec la même attention que je le ferai
pour vous dans quelques minutes, je vous remercie pour votre patience » -
si si…on peut faire passer tout ça par un regard…il suffit d’un peu de pratique
et de conviction -, cet absence de regard ne fera probablement pas fuir un
client fidèle ou en besoin absolu de votre produit . Un Papa qui vient chercher
la nuit un médicament pour soulager l’otite de son fiston se moquera bien de
l’absence de sourire du pharmacien d’astreinte cette nuit-là !
Et c’est d’ailleurs bien là
que commence le piège ! En ne payant pas « cash » et
immédiatement par une blessure mon entrainement zappé, par un peu de
démobilisation de ma collaboratrice un
accueil du matin survolé ou par un départ du client de mon magasin une
absence de regard accueillant…une petite voix intérieure commence son travail
de sape :
- Tu vois mon canard, en
ne disant pas bonjour qualitativement et individuellement à chacun de tes cinq
collaborateurs ce matin tu as gagné cinq minutes précieuses. Et en fin de
journée, le travail qu’il devait effectuer a été fait ! Aller on sort la
calculette…Juste pour se faire plaisir. Alors on a dit 5 minutes par 215 jours
égal 1075 minutes soit 17 heures soit deux petites journées de boulot par
an ! Bien gentil l’accueil du matin, très « je suis un manager proche
de mes collaborateurs » …mais chérot quand même ! Plus de deux
jours ! Tu ne crois pas que tu pourrais les investir avec bénéfice ailleurs ?
Sommeil ? Rentrer un peu plus tôt ? Ranger ton bureau avant de partir
…
« Malheur à celui qui
écoute complaisamment la petite voie de la lâcheté » disait le prophète
Faisgaffeatesfessesetatonchiffredaffaireetàton turnover !
Et combien il a raison le
prophète Faisgaffemachinettoutlereste…Nos petits écarts, nos petits
renoncements, nos petites lâchetés, auto-justifiés par de toujours excellentes
raisons – « Juste une fois…faut pas être rigide quand même ! »
« Ils n’ont pas eu de bons
résultats ce mois parce qu’ils ont mal bossé, je vais leur montrer mon
mécontentement en prenant un peu de distance avec eux en les niant le
matin », « Je viens de l’augmenter de 25 € mensuel…il va bosser sans
avoir besoin d’un câlin matinal pendant au moins trois mois…. », « C’est
bon, ils sont cadres ! Si en plus il faut leur dire bonjour chaque matin,
c’est la preuve qu’ils ne sont pas capables de l’être ! » - auront
après quelques mois de manquement ou de « bonjour » dans la lettre
mais sans l’esprit, raison de la motivation de nos collaborateurs et clients…
Mais pourquoi ce Bonjour du
matin est-il donc si important pour qu’il justifie à lui seul ce billet !
Dans les écoles de commerce on n’en parle pas. Pas plus que dans les livres sur
le management. Pas une ligne…
Dire « Bonjour »
est essentiel car avant d’être un collaborateur(trice), celui à qui je dis
bonjour est un Homme . Mais il n’est vraiment un Homme dans la relation que je
lui propose que si je me comporte avec lui/elle comme avec un
Homme…C’est-à-dire en lui redisant que je le considère comme un Homme et non
pas uniquement comme un apporteur de compétences pour un collaborateur ou de CA
pour un client, par la qualité de la prise de contact quotidienne qui redonne
vie à notre relation. Bref, en le reconnaissant INCONDITIONEELEMENT. C’est-à-dire
sans être télécommandé par mes ressentis d’hier –« Elle m’a remis un
dossier exceptionnellement bien ficelé » ou « il m’a planté 20% de la
production », sans être parasité par mes demandes que je vais lui exprimer
aujourd’hui – « Ce serait bien qu’il reste plus tard ce soir j’ai besoin
de lui…pense à soigner ton « Bonjour » ce matin ».
Inconditionnellement…gratuitement…Car la dignité de nos interlocuteurs n’a pas
de prix…Et lorsqu’un interlocuteur se sait respecté inconditionnellement, il
peut commencer à avoir envie de faire des choses pour son manager.
On ne dit pas
« Bonjour » parce que ça motive…On le fait parce que je veux
signifier à mon interlocuteur que quelque soit son passé, quelque soit notre
histoire commune, aujourd’hui est un jour nouveau et mon regard sur lui est un
regard neuf. Et si ce « Bonjour « gratuit provoque de la motivation,
tant mieux !
C’est là tout le sens du
« Si tu dis bien bonjour, t’as fait la moitié du chemin » de Sam
Lion.
Et vous qu’en
pensez-vous ?
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